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Petite vie racontée aux enfants

C’est à Audincourt, dans le Doubs, que Daniel JOËSSEL vient au monde le 15 juillet 1908 dans une famille profondément chrétienne. Huit jours plus tard il est baptisé en l’église de l'Immaculée Conception.
Sa mère, Marthe, veille sur la maisonnée qui compte déjà une fille, Andrée, et deux garçons, Pierre et Yves. Son père, Raymond, directeur des Forges de la ville, est aussi un passionné de Jules VERNE, un violoniste averti et, tout comme son père avant lui, un génial inventeur.

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Déjà tout petit, Daniel, que tout le monde appelle « Dani », aime prier. Ainsi, un jour, alors qu’avant d’entamer leurs leçons, il se met à genoux avec son frère Yves pour dire un Notre Père et un Je vous salue Marie, l’institutrice qui s’occupe d’eux, est tellement frappée par l’attitude recueillie de Dani, qu’elle court prévenir sa mère afin que celle-ci puisse aussi en être témoin.
Il reçoit le Corps du Christ pour la première fois le 20 avril 1916, un jeudi Saint. Il n’a pas encore huit ans.

En octobre 1918, après un séjour à La Baule où chaque année il passe en famille des vacances, la famille s’installe à Versailles. Dani entre au collège Saint Jean de Béthune.
C’est le père RÉGENT qui le prépare à sa Communion solennelle qui a lieu le 22 juin 1919, jour de la Fête Dieu.

Quelques mois plus tard la famille emménage à Paris où Dani poursuit brillamment ses études à l’école Notre-Dame de la rue de Madrid, dirigée par les Jésuites.
 

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Classe de 5ème avec Monsieur PASCAL, Ecole Notre-Dame de la rue de Madrid, 1919-1920.

Dani est au 2ème rang, le 2ème en partant de la gauche.

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C’est aussi un grand sportif qui excelle notamment au tennis et à la course à pied.

Son amour pour le Christ ne cesse de grandir. Avec l’un de ses camarades, Pierre POISSON, dans le cadre de l’Enfance Missionnaire, il cherche à gagner des âmes au Seigneur. Lorsqu’il y parvient il annonce alors avec joie: « Ah ! Celui-là, maman, je l’ai eu ! ».
Et à ses parents qui s’inquiètent parfois un peu de ce zèle, un professeur répond: « On l’aime et on le suit ! ».

C’est vers l’âge de 15 ans que l’appel de Dieu se fait plus pressant. Et après avoir obtenu son bac, il entre en octobre 1927 au Séminaire Français de Rome, recommandé par le père de VAUPLANE, jésuite, qui écrit:

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Néanmoins, à l’automne suivant, attiré par la vie contemplative, Daniel ne retourne pas à Rome, mais entre chez les Bénédictins, à l’abbaye Saint Pierre de Solesmes qu’il quitte quelques mois plus tard, en février 1929.

Il effectue ensuite son service militaire à Poitiers puis à Orléans. Il ne tarde pas là non plus à conquérir les cœurs et gagner des âmes. Lorsqu’il termine sa formation dix-huit mois plus tard, il laisse le souvenir d’un jeune apôtre joyeux et plein d’entrain.
Il ramène avec lui la mascotte des élèves-officiers, un petit chien nommé Dudule, en référence à un certain adjudant.

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Mais son désir de répondre à l’appel du Seigneur est toujours présent et à 22 ans il entre au séminaire des Carmes, à Paris.
Il est
ordonné prêtre le 31 mars 1934, un Samedi Saint, dans la chapelle Saint Joseph des Carmes. Il a presque 27 ans.

Il poursuit ses études pendant une année encore tout en répondant à l’appel du curé de Montesson pour assurer le catéchisme dans une banlieue défavorisée. Il officie également auprès des Dominicaines garde-malades de Montmartre. Il célèbre quotidiennement la messe dans leur oratoire.
Puis, en juillet 1935 il rejoint la paroisse Sainte-Geneviève à Asnières-sur-Seine. Alors en pleine expansion, elle compte déjà sept
prêtres. Le curé, Jean MULLER, confie la responsabilité des jeunes à celui qu’ils appelleront bientôt affectueusement l’abbé JO.

Il s’attache à rassembler les différents mouvements de jeunes qui existent alors, ceux de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, du patronage, les scouts, les Coeurs Vaillants…
Il les encourage, les guide spirituellement et les entraîne à sa suite pour les conduire jusqu’au Christ. Il se donne tout entier pour eux, faisant de leurs âmes sa préoccupation constante, ne reculant, pour cela devant aucun
sacrifice ni aucune souffrance.

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Chaque été il organise une colonie de vacances. C’est l’occasion pour lui de proposer à ses jeunes d’expérimenter une vie de famille, cent pour cent chrétienne. Et le sourire rayonnant de l’abbé JO en illumine chaque instant. S’aimer les uns les autres est le maître mot de ses colonies.
Il emmène ainsi ses jeunes en Savoie, dans les Vosges ou encore en Auvergne.
Il en profite pour confier des responsabilités aux plus grands, pour les impliquer dans la formation chrétienne des plus jeunes.

C’est aussi pour lui l’occasion d’évangéliser là où il passe, simplement en participant aux activités des villageois ou par les services rendus et de donner l’exemple aux enfants.
Ainsi, à la fin d’un été, alors que tous s’affairent aux préparatifs de départ pour entrer à Asnières, un incendie se déclare non loin de la colonie. Sans hésitation, l’abbé JO, accompagné d’une équipe de grands, saute dans sa vieille voiture, baptisée Pénurie, et court apporter son aide.

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La messe, en colonie comme à Asnières, reste le sommet de chacune de ses journées, le centre de sa vie et il veut qu’il en soit de même pour chacun. Ainsi un jour demande-t-il à l’un de ses jeunes: « Vis-tu ta messe ? La vis-tu intimement ? »
Son curé, l’abbé MULLER, dit d’ailleurs que sa messe, à elle seule, est une prédication.
Et un autre prêtre témoigne qu’à sa parole, à son visage, on le sent pénétré du sentiment de la présence de Dieu.

Il est très attentif à ce que les enfants comprennent la messe. Il ne veut pas que recevoir le Corps du Christ devienne pour eux une simple routine. « Ne communiez que si vraiment vous le désirez, la communion est quelque chose de sérieux. » leur rappelle-t-il régulièrement.
Il cherche à leur donner le goût de la prière personnelle et de la visite au Saint- Sacrement.
Et il précise:
« En même temps que prier, il faut s’offrir ! »

Tout offrir à Dieu et s’offrir soi-même, voilà le programme de vie de l’abbé Daniel et ce à quoi il appelle chacun.
« On ne peut vivre sans Jésus dit-il, or Jésus, c’est la Croix. C’est là qu’il faut le suivre.
La vie chrétienne repose sur le sacrifice. Tous les petits riens de chacune de nos journées sont des occasions providentielles de sacrifices. Ce qu’il nous faut faire c’est la volonté de Dieu. A Dieu, dites oui, partout et toujours ! Toute la sainteté est là. »

Le sacrifice, oui, mais dans la joie !
« Ayez le sourire, même lorsque c’est difficile ! » C’est ce que lui-même s’applique à faire et son exemple que ses paroissiens essaient de suivre. C’est ainsi que les jeunes orphelines de l’institut Sainte-Elisabeth, dont l’abbé JO assure la direction spirituelle, se privent durant tout un mois des quelques rares chocolats et bonbons qu’elles reçoivent pour les offrir à de plus pauvres qu’elles à l’occasion de Noël.

Si l’abbé JO se dépense sans compter pour « ses gosses », il n’en oublie pas pour autant les personnes âgées et les malades.
C’est toujours avec impatience que les « grands-mères » de l’hospice Sainte-Elisabeth attendent la visite de leur cher abbé JOËSSEL. Il les écoute, les réconforte et leur apporte la joie.
En plus des visites à domicile, il participe au côté de son curé et de ses confrères aux Journées des malades qui ont lieu dans l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours.

L’année 1937 est marquée par le décès de son père au mois de mars.
Puis par celui de deux de ses grands lors d’une colonie, en Savoie. Partis récupérer du matériel oublié, Pierre et Roland se font surprendre par la nuit et font une chute mortelle.
La douleur de l’abbé Daniel est immense. Sa foi le soutient dans cette épreuve. Il a la conviction que leur mort n’est pas vaine et qu’ils intercèdent désormais pour leurs camarades.

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En 1939, il a la douleur de perdre sa mère, première confidente de sa vocation. Il a cependant la consolation de l’accompagner dans ses derniers moments.
Le 3 septembre 1939 la France entre en guerre contre l’Allemagne. L’abbé JOËSSEL est affecté au 30ème Régiment d’artillerie comme lieutenant.
Il reçoit la bénédiction de son curé avant de partir pour le front.
Dès le début son régiment est engagé dans les combats. Les premières semaines sont difficiles. Il connait la peur.
Il n’est pas facile pour lui de concilier son ministère de prêtre et son rôle d’
officier.
C’est une nouvelle épreuve comme l’est aussi l’impossibilité de pouvoir célébrer la
messe quotidiennement.
Et pourtant, malgré toutes les difficultés, qu’il offre à Dieu, il attire encore et toujours les âmes.

En octobre son régiment est positionné en seconde ligne. L’attente et l’inaction commencent. Il met ce temps à profit pour réfléchir et prier. Il entretient une nombreuse correspondance, particulièrement avec ses jeunes. Il les exhorte à rester unis et leur donne cette consigne: « Sacrifices, car on ne peut pas être chrétiens sans cela, sans oser regarder la croix. Il faut que, pour nous, cette guerre soit une occasion de monter plus haut ! »
Il célèbre la messe, organise des veillées de prière, des groupes d’enseignement et vient en aide à ses confrères dès qu’il le peut.

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En avril 1940, il profite d’une permission pour revenir à Asnières. Tout le monde veut le voir, à tel point qu’il a du mal à répondre aux nombreuses invitations. Il se montre joyeux et plein d’entrain mais au moment du départ il a la conviction qu’il ne reviendra pas. Il a d’ailleurs confié à un confrère à propos de ses enfants: « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour eux, j’ai donné tout ce que j’ai pu donner; maintenant, je n’ai plus qu’à mourir pour eux ! »

Le 10 mai 1940 la Bataille de France débute. L’abbé JOËSSEL est blessé au combat le 20 mai.
Le 27, il arrive à Ciney, en Belgique, dans un établissement des Frères des Ecoles Chrétiennes transformé en hôpital par les Allemands. Son état s’est détérioré.
Il est assisté dans ses derniers jours par l’abbé
MASSART.
Il se confesse et dicte quelques lettres, à sa sœur, son curé et son confrère l’abbé FOUQUES-DUPARC.
Il
meurt le 30 mai après avoir reçu l’extrême onction et offert avec « grande joie » le sacrifice de sa vie pour l’Eglise, les âmes et la Patrie.

Dans ses lettres il fait preuve d’une grande humilité, en demandant pardon pour ses insuffisances et à ce que 300 messes soient célébrées pour toutes celles qu’il aurait mal dites.
Il
offre sa vie pour qu’il y ait des prêtres après lui, notamment dans sa famille.
Et effectivement les
vocations sont nombreuses depuis sa mort.

Belle vie sacerdotale Un vicaire de banl

Le 26 mai, une courte note informe sa famille et ses amis qu’il est blessé mais ce n’est que plus de trois mois plus tard qu’ils apprennent sa mort.
Dès lors sa réputation de sainteté se répand.
En 1941, le récit de sa vie est déjà écrit et paraît dans une nouvelle collection intitulée «
Belles vies sacerdotales ».
En 1942, il est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
Après la fin de la guerre, les paroissiens d’Asnières-sur-Seine, avec l’accord de la famille de l’abbé JOËSSEL, entreprennent des démarches pour que son corps soit rapatrié en France et repose dans l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours.
L’
inhumation a lieu le 20 novembre 1949.
Le 11 mai 1961 une chapelle, portant le nom de son saint patron, Saint Daniel, est inaugurée à Asnières.

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