
Les vertus familiales
Il peut paraître étonnant de trouver, dans cette rubrique sur la spiritualité de
l’abbé JOËSSEL, quelques mots sur le rôle joué par sa famille. Mais c’est, avec la volonté de Dieu, la famille qui a fait de lui le prêtre qu’il est devenu. La famille était très importante pour Daniel JOËSSEL, depuis son enfance, heureuse, pleine d’émerveillement, grâce au génie de son père, et jusqu’au dernier jour de sa vie, à l’heure de mourir, où il dicte un petit mot pour sa sœur aînée, mais destiné plus largement à sa famille. Sa nature humaine aura beaucoup reçu d’elle ! C’est elle aussi qui lui aura transmis la Foi.

Marthe JOËSSEL et ses quatre enfants
Il aura été parfaitement prêtre, tout en gardant un lien très fort avec sa famille.
Voici ce qu’écrivait François VEUILLOT :
Car sa tendresse expansive et sa vibrante sensibilité garderont toujours pour les siens une affection d’enfant ; et ce serait mutiler le portrait du séminariste, comme plus tard la physionomie du vicaire chargé d’une nouvelle, nombreuse et bruyante famille, que de celer ce trait de nature qui le montre à la fois si humain et si surnaturel. Surnaturel, en effet ; pour sa famille, en même temps qu’un amour tout simple et tout cordial, il aura toujours des préoccupations apostoliques. Et Monsieur PRESSOIR nous donne ce détail émouvant : « Durant la maladie de son père, au- dessus même de l’amélioration de son état et de la prolongation de sa vie, c’était la sainteté de sa mort qui était le premier objet de ses sollicitudes et de ses prières. » François VEUILLOT, Un vicaire de banlieue, l’Abbé Daniel JOËSSEL, p. 41-42
ou encore :
Car c'est avec joie que, pour sa famille selon l'esprit, l'abbé JOËSSEL eût donné tous ses biens, comme il lui sacrifierait sa vie même.
Mais, en même temps, le cœur de Dani, encore dilaté par le sacerdoce, était assez large pour garder toute sa tendresse à sa famille selon la chair.
De son caractère d'homme, en effet, l'on ne donnerait qu'une idée singulièrement incomplète, si l'on négligeait la fidèle, attentive et délicate affection qu'il ne cessa de porter aux siens. Oui, témoignent à l'envi tous ses proches, « il avait conservé profondément l'esprit de famille,... c'était un frère charmant,... un oncle délicieux... » Et cette sollicitude familiale était sensible à qui l'approchait hors de sa parenté. « Dans sa famille, étroitement unie, et qu'il chérissait filialement, reconnaît le P. LEBRETON, les maladies et les deuils l'atteignaient au cœur.» François VEUILLOT, Un vicaire de banlieue, l’Abbé Daniel JOËSSEL, p. 78-79
Si Daniel JOËSSEL a pu être parrain avant d’être prêtre, une fois prêtre, il ne l’acceptera que rarement, et uniquement si de bonnes raisons pastorales le justifient.
Il ne manquait évidemment pas de célébrer, dans sa famille, les baptêmes de ses neveux et nièces.
Voici, dans une lettre, le bref récit de la célébration du baptême de son neveu Bruno TOUVET, en 1934.
« Hier à 2h 1⁄4, baptême de Bruno. Y assistaient le Parrain, Alain Touvet, la Marraine Madeleine Piffard, Tante Chen, Tante Germaine, Odile Chastelain, Pierrick, la garde, Mademoiselle, et moi. Tout s’est très bien passé. Dani, très ému, a très bien accompli tous les rites, en particulier la cérémonie, l’aspersion, plutôt copieuse. Après la consécration à la Ste Vierge, il a eu un geste très chic. Il a pris son neveu des bras de la garde et l’a élevé vers la Ste Vierge ! » Lettre de Marie Josèphe GALL à Yvie JOËSSEL.


Baptême de Philippe JOËSSEL, à la Boissière-du-Doré le 24 avril 1931. Daniel JOËSSEL, qui n’est pas encore prêtre, est le parrain.
Photo de gauche : de gauche à droite : Yvie JOËSSEL, la mère du baptisé, Isabelle FRANÇOIS SAINT MAUR, la marraine, Philippe JOËSSEL, Charles FRANÇOIS SAINT MAUR, le grand-père, Renée FRANÇOIS SAINT MAUR, la grand-mère, Daniel JOËSSEL, le parrain.
Photo de droite : Philippe JOËSSEL et son parrain.
La communion qu’il vivait en famille a servi de modèle pour sa pastorale, en particulier auprès des jeunes. Il considérera toujours ses paroissiens, « ses enfants », comme une nouvelle famille. Il souhaite que tous les jeunes des différents mouvements soient « une seule famille ».
Et les colonies, qui étaient en quelque sorte le condensé de sa pastorale, devaient toujours être conduites selon le modèle d’une famille.
François VEUILLOT rapporte :
Son idéal, en colonie, c’était « la vie de famille ». (p.174)
Une « magnifique vie de famille cent pour cent chrétienne ». (p.175)
Pendant la guerre, sur le front, ses officiers et ses hommes, tous ceux qui lui seront confiés seront aussi considérés comme une nouvelle famille.
Sans doute, tous ceux qui ont fait partie de « ses » familles peuvent-ils se sentir
l’objet de ses prières. Il écrivait à sa sœur, avant de mourir :
« Au ciel, je resterai le lien de ma famille par mon sacerdoce. »